La lutte contre la maladie d’Aujeszky en Corse a fait l’objet de plusieurs dispositifs au cours des dernières décennies, le dernier étant le plan expérimental déployé en 2011. Les résultats de ce plan montrent que la vaccination est efficace, mais que les principales difficultés résident dans la coordination des opérations à l’échelle de la Corse. L’objectif d’éradication par les dispositifs « classiques » de lutte a été remis en question, notamment par l’Afssa en 2009 (évaluation défavorable d’une proposition d’arrêté préfectoral, mobilisant la vaccination généralisée des élevages). La vaccination est donc un outil efficace, mais dont le déploiement doit être pensé en fonction des conditions des élevages en Corse : types d’élevage, représentation des acteurs (interlocuteurs pour la coordination), contact avec la faune sauvage, troupeaux non identifiés, difficultés de coordination, accessibilité difficile aux exploitations, faible couverture vétérinaire, etc.
La stratégie de gestion de la maladie d’Aujezsky proposée ici repose sur l’objectif d’éradication via une stratégie de lutte médicale dans un premier temps (vaccination). Cependant, elle propose un mode opératoire différent des stratégies ‘classiques’, en posant certains principes d’action :
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- agir sur plusieurs leviers et hiérarchiser les actions : le problème Aujeszky est multiple (problèmes techniques, organisationnels, financiers, réglementaires…) et nécessite une action coordonnée et priorisée sur plusieurs leviers ;
- coordonner l’action par microrégion : la proximité géographique des élevages est un élément clé de la stratégie : si un éleveur vaccine dans le but d’éradiquer, il faut que ses voisins vaccinent également. Il s’agit de concentrer et créer les ressources microrégion par microrégion ;
- concevoir une stratégie par étapes et conditionner le passage d’une étape à une autre : le principe de conditionnalité repose sur le fait qu’il faut atteindre certains objectifs (nombre d’éleveurs prêts à participer par exemple) avant de déclencher les opérations suivantes. La non-atteinte de ces objectifs entraine l’impossibilité de poursuivre ;
- enrôler les acteurs locaux dans le processus (élus, chasseurs, éleveurs…) et les responsabiliser : créer des ressources dans les microrégions pour motiver l’ensemble des éleveurs, favoriser la coordination et le déroulement des opérations est essentiel. Il s’agit de faire porter le dispositif par la diversité des acteurs concernés, et non par un certain type d’acteurs (ex : dans une microrégion, il n’y a pas que des éleveurs du syndicat AOP charcuterie, il est nécessaire d’impliquer les autres catégories d’éleveurs), tout en stimulant la capacité des éleveurs à se parler entre eux (ce sont des éleveurs qui présentent l’action aux autres éleveurs). Ce principe est fondamental, car il repose sur la « collectivisation » du problème de la maladie d’Aujeszky, dépassant la lutte à l’échelle individuelle (un éleveur seul ne peut régler le problème) et permettant à des collectifs micro-régionaux d’émerger.
Ces principes d’action sont le résultat des travaux de groupe menés par l’INRAE et l’OVS animal (GDS Corse), qui ont vu la participation de l’ensemble des catégories d’acteurs concernés par la problématique Aujeszky (Services de l’Etat, éleveurs, chasseurs, GTV…). Ils aboutissent à la conception d’une approche micro-régionale, imbriquée dans une stratégie régionale progressive.
CONDITIONS D’OUVERTURE D’UN PLAN
L’éleveur qui souhaite s’engager dans le plan doit :
- n’avoir aucun impayé au GDS Corse
- mettre en place les préconisations du plan Aujeszky
- avoir son exploitation dans une des microrégion concernée
DEROULEMENT DU PLAN
Le plan se déroule entre 2020 et 2024 et sa mise en oeuvre reste simple. Un éleveur qui entre dans le plan, doit :
- choisir un vétérinaire parmi une liste de vétérinaires engagés
- vacciner tous les porcs de son exploitation
- le GDS se charge des prélèvements sanguins à l’abattoir pour le suivi de l’évolution de la prévalence
UN APPUI TECHNIQUE ET FINANCIER
En contre partie de son engagement, le GDS et le vétérinaire, proposent un suivi technique adapté.
La prise en charge financière est de 100% (vaccins, visite vétérinaire, analyses sérologiques, coordination du projet), grâce à des prises en charges spécifiques par la DRAAF de Corse et l’ODARC.
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