Résistance anthelminthique : note technique de l’EMA
L’Agence européenne du médicament (EMA) s’alarme du développement des résistances aux anthelminthiques (y compris pour les antiparasitaires les plus récents) dans une note technique.
Ces résistances concernent toutes les espèces animales : bovins, ovins, caprins, chevaux, porcins, chiens, chats…
En particulier, la note rapporte :
- chez les ovins, la description de résistances au récent monépantel (aminoacétonitriles),chez les bovins, une baisse préoccupante de l’efficacité du triclabendazole contre Fasciola hepatica,
- chez les bovins toujours, des résistances aux endectocides de Cooperia,
- chez les porcins, des résistances au pyrantel (Oesophagostomum)…
Face à ce constat, l’Agence européenne du médicament préconise plusieurs mesures à intégrer à un plan de lutte général contre la résistance anthelminthique. Elle recommande notamment…
Sur l’usage des anthelminthiques :
- Déterminer les traitements à appliquer suite à la mise en évidence d’une infestation et non de manière systématique : les traitements anthelminthiques « devraient être basés sur la confirmation d’une infestation par exemple par une coproscopie », ou, à défaut, sur des données épidémiologiques locales, comme une cartographie des infestations parasitaires afin d’éviter les applications inutiles.
- Cibler les catégories d’animaux à traiter : « Au niveau du troupeau, les traitements sélectifs (certaines catégories d’animaux) sont à promouvoir avec un suivi post-traitement », en remplacement des traitements systématiques.
- Alterner les vermifuges : l’alternance des différentes classes de vermifuges est encouragée pour éviter l’émergence de résistances même si son efficacité pour les réduire n’est pas prouvée.
- Eviter l’utilisation des formulations pour-on et longue action : ces formulations exposent à des concentrations subthérapeutiques qui favorisent l’émergence de résistances.
- Améliorer les déclarations de pharmacovigilance par les éleveurs et les vétérinaires lors d’observations d’un manque d’efficacité des anthelminthiques.
- Réduire l’usage des associations d’antiparasitaires à spectre large : celui-ci devrait être restreint aux (seuls) cas où les deux molécules sont justifiées au même moment. Le rapport bénéfice/risque de ces associations devrait tenir compte du risque accru de développement de résistances.
Sur les RCP (Résumé des Caractéristiques du Produit) et sur les AMM (Autorisation de Mise sur le Marché)
- Mieux documenter la résistance anthelminthique dans les dossiers d’AMM (par des essais terrain ou de laboratoire) par les industriels.
- Faire figurer dans les RCP des informations sur la résistance croisée afin de faciliter l’alternance des vermifuges (avec des molécules sans résistance croisée).
- Encourager le dépôt de demandes d’AMM pour les espèces mineures (chèvres, ânes, alpagas…) pour éviter le sous-dosage à l’origine de résistances dans ces espèces.
Sur le statut, la publicité, les packagings
- Dans les productions animales, classer les vermifuges comme des médicaments sur prescription vétérinaire (ce qui est déjà appliqué en France dans la quasi-totalité des cas).
- Contrôler la publicité sur les vermifuges.
- Prévoir une gamme de packagings commercialisés suffisamment large pour éviter les « traitements non nécessaires » liés aux (trop) grandes présentations.
La note prévoit également une série de mesures sur la recherche et le suivi des résistances, sur le développement des alternatives à l’emploi des anthelminthiques et sur la formation des vétérinaires et propriétaires d’animaux à ces résistances.
Cette version finale a été adoptée après deux projets mis en consultation en 2014 et en 2016. Pour la lire dans son intégralité (en anglais), cliquez ici !
Pour mémoire, le protocole de surveillance du parasitisme interne des petits ruminants développé par la FRGDSB20 permet aux éleveurs ovins et caprins de vérifier le statut parasitaire de leur troupeau avant d’envisager un éventuel traitement, et également de surveiller le développement des résistances aux vermifuges. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter !
Pour les bovins, le protocole est en cours de développement.