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La besnoitiose : une maladie sous haute surveillance

La besnoitiose : une pathologie chronique des bovins, transmissible et lourde de conséquences économiques


Encore appelée ‘Elephantiasis des bovins‘ pour l’aspect de peau d’éléphant qu’elle engendre parfois, la besnoitiose est une maladie chronique et transmissible des bovins.

Tonitruante et fatale lorsqu’elle s’exprime sous sa forme la plus sévère, cette maladie n’entraine cependant généralement que peu de symptômes et de mortalités directes. Néanmoins, compte tenu de la haute fréquence de portage asymptomatique (estimée à 5 animaux sur 6 infestés) et donc de son faible taux de détection mais aussi par son caractère chronique (l’animal restant porteur à vie), la besnoitiose se répand à bas bruit dans les élevages et engendre d’importantes pertes économiques.

L’agent pathogène à l’origine de la maladie est un protozoaire microscopique appelé Besnoitia besnoiti, véhiculé par quelques insectes comme les glossines (mouche tsé-tsé), les tabanidés (taons), les stomoxes (petites mouches) et certains moustiques notamment ceux du genre Culex. La transmission de cette maladie dépend de ces insectes vecteurs, principalement actifs aux beaux jours et la besnoitiose revêt donc un caractère saisonnier.

Comme spécificités épidémiologiques, la plus grande sensibilité des mâles est à remarquer. Chez eux, la besnoitiose peut se traduire par de la stérilité. Enfin, il semble que cette pathologie touche davantage la race Gasconne. Ce point reste cependant sujet à controverse car cette race figure aussi parmi les plus représentées dans les zones endémiques de la maladie.

Transmission de la besnoitiose

Image : GDS Rhône-Alpes

 

La besnoitiose : une pathologie allant du simple portage asymptomatique aux symptômes les plus graves et les plus évocateurs


L’incubation, c’est-à-dire la période entre le moment de la contamination et l’apparition des premiers signes cliniques, dure en moyenne 6 à 10 jours.

Dans sa présentation la plus sévère, la maladie se développe selon 3 phases :

  • La phase fébrile

Elle correspond à la parasitémie, c’est-à-dire à la multiplication du protozoaire dans le sang. Cette période, qui dure entre 3 à 10 jours (parfois jusqu’à 28 jours) est caractérisée par une forte fièvre : hyperthermie entre 40 et 42°C et manifestations classiques de fièvre (respiration rapide, anorexie, abattement…). On note de la photophobie, c’est-à-dire une intolérance à la lumière. L’animal s’isole, à l’ombre. Ensuite, des zones de congestion apparaissent et deviennent très sensibles au toucher (le chanfrein, l’encolure, la région périnéale ou encore la face interne des cuisses). On observe également un écoulement oculaire séro-muqueux, très attractif pour les insectes. De la diarrhée et des avortements sont parfois décrits.

Larmoiement séro-muqueux

Photo : GDS Aquitaine

 

  • La phase des œdèmes

Après la phase fébrile, des œdèmes apparaissent et persistent pendant 1 à 2 semaines. Du liquide s’accumule dans les zones déclives (auge, mamelles, scrotum…). L’animal a alors des difficultés à se déplacer et reste prostré. Tous ses ganglions sont gonflés.

  • La phase de sclérodermie

Elle dure plusieurs mois et conduit au dépérissement de l’animal. Cette phase est très caractéristique de la maladie : les œdèmes se résorbent, laissant place à une peau plissée et indurée, prenant l’aspect d’une peau d’éléphant. La peau se fissure et forme des crevasses et des escarres. L’animal respire difficilement et bruyamment.

Sclérodermie caractéristique de la besnoitiose

Photo : thèse ENVL – 2008

 

Sur 6 animaux infestés, on considère que la maladie se manifeste comme décrite ci-dessus chez un seul d’entre eux. Chez les 5 autres, elle prend une forme dite sub-clinique : diminution de l’état général et kystes sur la sclère conjonctivale.

Kystes de la sclère conjonctivale (aspect de grains de sable) et sclérodermie de la face

Photo : GDS Creuse

 

La besnoitiose : un diagnostic basé avant tout sur la suspicion clinique et sur l’observation de kystes sur la sclère conjonctivale


Certaines maladies provoquent des symptômes similaires à ceux rencontrés pendant les différentes phases de la besnoitiose.

Quelques éléments de diagnostic différentiel de la Besnoitiose

 

Les kystes de la sclère conjonctivale, l’aspect triphasique de la maladie ou les symptômes de sclérodermie doivent entrainer une suspicion clinique de besnoitiose.

Le diagnostic peut être confirmé par des examens de laboratoire, réalisés à partir de biopsies cutanées (virologie par PCR) ou à partir de prélèvements sanguins (sérologie ELISA puis confirmation par Western Blot).

 

La besnoitiose : la maîtrise de cette maladie est fondée sur la prévention et l’élimination des premiers cas avérés


Les traitements, s’ils sont privilégiés, doivent être instaurés le plus tôt possible pour maximiser les chances de guérison c’est-à-dire pendant la phase fébrile. Il est primordial de signaler que le traitement dissimule seulement les symptômes. La guérison est simplement clinique. Il n’existe pas de traitement qui élimine le protozoaire. Une fois que l’animal est infecté, il reste porteur à vie. Aussi l’abattage des animaux atteints reste-t-il souvent préconisé, a fortiori dans les zones indemnes, pour limiter l’extension de la pathologie.

Par ailleurs, il n’existe aucun vaccin contre cette maladie.

Le meilleur moyen de se prémunir contre la besnoitiose reste donc de ne pas l’introduire dans son cheptel ! Les sérologies de type ELISA sont le meilleur moyen de diagnostiquer les animaux porteurs asymptomatiques et permettent d’éviter l’introduction d’un animal contaminé dans son élevage (pour plus de certitude, les bovins négatifs doivent être recontrôlés dans les 6 semaines qui suivent la première sérologie).

Ensuite, il ne faut négliger ni la lutte contre les vecteurs (plaques auriculaires, solutions pour-on à appliquer sur le dos), ni  le nettoyage/désinsectisation des lieux de stabulation des animaux. A ce titre, il est nécessaire d’être vigilant lors de l’acheminement d’animaux par camion.

 

La besnoitiose : restons vigilants et surveillons l’apparition d’éventuels premiers cas en Corse


Aucun cas de besnoitiose n’a encore été porté à notre connaissance pour la région Corse. Si notre île est réellement indemne, nous avons tous un rôle à jouer pour que cette situation perdure. Usons de toutes les précautions et soyons intransigeants sur le respect des bonnes pratiques sanitaires qui limitent les risques d’introduction d’une maladie dans un cheptel et sur un territoire.

 

Alors comment éviter son introduction ?

  • N’introduire que des animaux contrôlés à l’achat !
    • Enquête épidémiologique sur le cheptel vendeur
    • Sérologies (2 à 6 semaines d’intervalle) avec confirmation western blot
    • Désinsectisation des animaux et des moyens de transport
  • Maîtriser les insectes vecteurs !
  • Surveillance ! Réactivité ! En cas de doute, appelez votre vétérinaire !

 

 

Sur le continent, la besnoitiose semble progresser vers le Nord, probablement en conséquence de l’extension de la répartition des insectes vecteurs due au réchauffement climatique. La situation épidémiologique actuelle n’est cependant pas précisément connue et mériterait d’être précisée.

Besnoitiose en France en 2010

Image : GDS Cantal

 

 

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