Synthèse de l’étude StatelCox – Groupe investigation Fièvre Q
Un protocole exploratoire visant à évaluer le statut d’un atelier vis-à-vis de la fièvre Q a été élaboré dans le cadre du groupe d’investigation « Fièvre Q » de la Plateforme nationale d’épidémiosurveillance en santé animale. Ce protocole exploratoire a été établi pour étudier la possibilité de proposer un dépistage à l’échelle de l’atelier.
Ce protocole a été déployé dans le cadre de l’étude « StatelCox » : les prélèvements visant à déterminer un « statut atelier » vis-à-vis de la fièvre Q ont été menés du 09/10/2023 au 27/02/2024 dans 30 ateliers bovins, 27 ateliers ovins et 30 ateliers caprins répartis dans 33 départements différents, volontaires pour participer à cette étude et accueillant du public sur leur exploitation.
Pour la Corse, ce sont 5 élevages qui ont participé : 3 caprins et 2 ovins
Contexte :
La fièvre Q est une zoonose bactérienne due à la bactérie Coxiella burnetii.
Chez les ruminants, l’infection est le plus souvent asymptomatique : les ruminants infectés ne présentent pas de signes cliniques dans la majorité des cas. Dans sa forme clinique, la fièvre Q entraîne principalement des troubles de la reproduction : avortements en fin de gestation, mises bas prématurées, naissance d’animaux chétifs.
Les bactéries excrétées dans l’environnement par des animaux infectés peuvent ensuite résister dans l’environnement, diffuser, et parfois être inhalées par des humains et les infecter (c’est le mode d’infection principal). Le plus souvent, l’infection n’entraîne pas de maladie, mais certaines personnes peuvent développer des symptômes. Lorsque la fièvre Q s’exprime chez l’être humain, elle se manifeste le plus souvent (40 % des infectés) sous la forme d’une fièvre et de douleurs musculaires, parfois accompagnées de signes digestifs (diarrhée, vomissements) ou respiratoires (toux). Des complications de type hépatite ou pneumopathie peuvent s’ajouter à un état fébrile. Pour environ 1 à 5 % des personnes infectées, Coxiella burnetii peut entraîner des formes cliniques persistantes, plusieurs mois ou années après l’infection. Globalement, de telles affections peuvent être très invalidantes. Certaines personnes avec des facteurs aggravant (lésions des valves cardiaques ou vasculaires, femmes enceintes) seraient plus à risque de développer des symptômes. Les formes les plus graves sont l’endocardite ou les infections vasculaires, pouvant être mortelles sans un traitement antibiotique approprié. Des personnes régulièrement en contact avec les animaux excréteurs ou la contamination environnementale persistance pourraient développer une immunité entretenue par des expositions récurrentes alors que des personnes « naïves », ou étant exposées plus ponctuellement, pourraient être plus susceptibles à l’infection et à développer une forme clinique de fièvre Q.
En terme de fréquence, une étude de séroprévalence réalisée dans 10 départements français en 2015 a montré que plus de la moitié des troupeaux caprins et ovins et 30 % des élevages bovins prélevés dans le cadre de cette étude avaient été exposés à cette infection1. Dans cette étude, l’incidence clinique de la fièvre Q (basée sur les avortements qui surviennent en série) a été évaluée sur la période de 2012 à 2015. Les proportions d’élevages touchés étaient de 2,7 % [min : 0– max : 5,1], 6,2 % [0–17,9] et 15,8 % [0–36,4] en ateliers bovins, ovins et caprins respectivement. Dans ce contexte, un protocole exploratoire visant à évaluer le statut d’un atelier vis-à-vis de la fièvre Q a été élaboré dans le cadre du groupe d’investigation « Fièvre Q » de la Plateforme nationale d’épidémiosurveillance en santé animale. Ce protocole exploratoire a été établi pour étudier la possibilité de proposer un dépistage à l’échelle de l’atelier.
Pour les vétérinaires un guide pratique a été élaboré ici.
Les objectifs de cette étude étaient les suivants :
– Tester, en terme de faisabilité, le protocole exploratoire « STATut en Elevage de circulation de COxiella burnetii (STATELCOX) » en conditions de terrain dans un échantillon d’ateliers bovins, ovins et caprins.
-Estimer, pour les ateliers échantillonnés dans le cadre de cette étude, le niveau de circulation de la fièvre Q (absence, ancienne, active) au moment des prélèvements.
– Sensibiliser les éleveurs qui proposent un accueil au public à cette zoonose et proposer un accompagnement permettant d’accueillir les visiteurs dans les meilleures conditions. Ces recommandations de biosécurité étaient fournies aux éleveurs participants, selon le « statut » obtenu. Ces recommandations ne donnaient lieu à aucune obligation de mise en œuvre de la part des éleveurs concernés.
Le groupe Fièvre Q de la Plateforme ESA a été sollicité pour les aspects relatifs à la surveillance (protocole et l’interprétation des résultats).
L’accompagnement des éleveurs sur les recommandations de biosécurité a été réalisé par les vétérinaires et les GDS des départements concernés.
La synthèse est en ligne sur le site internet de la Plateforme ESA et disponible à l’adresse suivante :
https://www.plateforme-esa.fr/fr/fievre-q-synthese-resultats-statelcox